TENDRESSE ET NOSTALGIE
L'automne se serait hissée sans bruit jusqu'à la cîme des arbres, envahissant le feuillage de ses rouges flamboyants et de jaunes encore indécis.
Noisette aurait calé ses pattes dans mon pas et nous aurions toutes deux gravi le chemin empierré qui borde la forêt de peupliers fidèles.
Marche joyeuse : elle court, je la rappelle, lui lance et relance un petit bâton qu'elle rapporte à la hâte pour mériter mes encouragements et me réinviter au jeu.
Elle aurait sans doute détalé derrière un lièvre timide et égaré. Je l'aurais sifflée. Elle aurait pris son temps pour revenir, haletante et ravie, reprenant son souffle sous le murmure caressant de ma main.
Elle aurait bu dans les premières flaques et je l'aurais gentiment éclaboussée.
Puis nous serions rentrées tranquillement, partageant les dernières mûres qu'elle aimait tant pour tâcher de violet ses babines et mes doigts.
Tu n'étais qu'une petite chienne ma Nounouille, ma Noisette. Mais tu étais la mienne. Et je t'aimais depuis vingt ans.